« Petit Canard ».
« Petit Canard » s’imaginait depuis sa plus tendre enfance avoir fait une grosse bêtise, car sa maman, ses frères et ses copains avaient pour lui un regard étrange et méchant, comme s’il était un vilain impardonnable.
Lorsque la famille partait en promenade en file indienne , il était le seul à avoir le bec en l’air un peu plus à droite ou à gauche. Ce que bien évidemment « Maman Canard » n’acceptait pas. Elle s’empressait alors de claquer du bec sèchement afin qu’il se remette dans le droit chemin.
Comment pouvait-il lui faire comprendre qu’il avait aperçu un petit animal rigolo et volant de toutes les couleurs ? Le voir de près l’intéressait plus que de faire le mille pattes derrière ses frères. Prendre les chemins de traverses était vraiment plus amusant !
Un jour, le petit groupe rencontra une autre famille, une maman en tête suivie de ses petits. L’un d’eux, plus effronté, lança de sa voix suraiguë :
- Hé ! Vous avez vu le petit dernier en face sur l’herbe, il est gris et marron, je le trouve bien laid ! En plus il n’est même pas capable de se tenir en rang.
- J’ai vu frérot ! Lui répondit un autre plus devant. Il n’ose même pas nous regarder dans les yeux, il est d’une impolitesse !
© Photo Keven Law
« Petit Canard » se sentit ce jour-là encore plus
penaud et plus triste qu’à l’habitude. Il se dit en son for intérieur
que même les « étrangers » le considéraient comme un vilain petit
canard, alors qu’il était tout timide et mal dans ses plumes.
Les
années passèrent « Petit Canard » grandissait à vue d’œil et devenait
majestueux. Il se rendait bien compte que sa mère depuis pas mal de
temps maintenant, le regardait d’un drôle d’air et n’osait lui parler.
Alors, il prit son courage à deux pattes et lui demanda :
- Maman
! Je sens bien que depuis que je suis né tu n’as pas été contente de
moi. Est-ce que j’ai fait de grosses bêtises ? Est-ce que je t’aurais
contrarié dernièrement ?
« Maman Canard » le regarda avec
tendresse, heureuse qu’il est pris l’initiative d’engager le dialogue et
lui répondit :
- Mon « petit canard », tu n’as été ni plus ni
moins qu’un enfant comme les autres, peut-être un peu plus rêveur et
moins discipliné. Différent certes ! Tu l’as été par ton duvet qui
n’avait pas la même couleur que la famille, mais tu es resté mon p’tit
bout chéri comme tes frères.
Pour que tu comprennes ce qui me
turlupine depuis de nombreux jours, c’est… comment t’expliquer… je t’ai
élevé comme l’un des miens, mais en fait, regarde moi et admire ton
reflet dans l’eau.
« Petit Canard » qui n’avait jamais eu cette
curiosité sauf pour plonger sa tête dedans afin de se rafraîchir, boire
et manger, était plus qu’intrigué. Il regarda d’abord sa jolie maman,
puis, observa son profil.
© Photo Pierre Van Damme
Quelle surprise de découvrir avec stupeur qu’il ne
lui ressemblait pas, mais était la copie conforme des gracieux cygnes
qu’il admirait chaque jour.
- Mais maman, je suis un cygne !
-
Oui mon enfant, tu es un grand et magnifique cygne…
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Texte
le 19 mars 2010